L'historique du maritime à Marseille

 Au cours des deux derniers siècles, trois périodes se dégagent :

  • L’une correspond à la première moitié du XIXe : c’est encore le temps des négociants
  • Une seconde, entre les années 1860 et 1960, peut être considérée comme le siècle des armateurs.
  • Enfin la dernière, la plus récente, pourrait bien être définie comme l’ère des transporteurs

 

Le temps des Négociants :

Dans la première partie du XIXe siècle, Marseille vit encore sur les données techniques, les structures économiques et sociales héritées du XVIIIe.

Le transport maritime s’effectue encore, pour l’essentiel, avec des voiliers à coque en bois dont la jauge est rarement supérieure à 800 tonneaux.

Le rôle économique majeur appartient alors aux négociants. Comme au XVIIIe siècle, ils exercent une activité polyvalente qui relève à la fois du négoce, de l’armement, de l’assurance, du courtage, de la banque, voire de l’industrie. Pour eux, le navire est un simple moyen de transport subordonné aux exigences de leur commerce. Ils ne créent donc pas de lignes maritimes régulières soumises à calendrier fixe. Leurs voiliers chargent pour les ports que désignent les besoins du négoce, partent quand il plaît aux affréteurs, arrivent quand le vent le permet, repartent quand ils ont trouvé un fret de retour

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Le siècle des Armateurs :

Cette seconde période peut être cernée entre les années 1860 et 1960. Elle s’ouvre donc sur une rupture avec les pratiques antérieures.

L’espace portuaire sort des limites urbaines.

Sur le plan technique, cette période connaît la révolution de la vapeur qui se généralise alors

Dès lors, l’activité maritime passe des négociants aux mains de spécialistes qui font de l’armement un métier spécifique, les armateurs. En une trentaine d’années, apparaissent sur la place les grandes compagnies de navigation qui vont traverser le siècle 

A ces armements locaux, s’ajoutent tous ceux qui contribuent à faire de Marseille un grand port d’escale international. En 1913, les pavillons de plus de quarante pays flottent sur ses bassins. A côté des soixante-dix lignes maritimes françaises, trente-deux lignes étrangères assurent 60% du mouvement général de la navigation. Ce qui confère à la place une dimension mondiale.

Les armateurs s’adaptent à tous les types de trafic

Dans leur politique de diversification des trafics, les armateurs jouent aussi la carte du transport des hommes. En 1870, le trafic passager du port s’élève déjà à 200 000 personnes.

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L'ère des Transporteurs :

A partir des années 1960, s’ouvre une troisième période : c’est l’effondrement du système industrialo-portuaire traditionnel, c’est la disparition de l’empire colonial, c’est la concurrence de l’aviation qui ruine les services passagers et postaux.

Pour s’adapter à la conjoncture, les responsables économiques de la place cherchent, avec l’aide de l’Etat, à fixer de nouveaux trafics et de nouvelles industries

Parallèlement, l’évolution des techniques a de profondes répercussions sur la chaîne des transports, dont certains secteurs se trouvent totalement modifiés. A la fin des années 1960 apparaît un nouveau type de bateau, le " roulier " qui charge directement voitures et camions sans l’intervention de dockers ou de grues.

Autre création appelée à un grand retentissement, le conteneur qui est destiné à la marchandise diverse.

Marseille-Fos s’équipe en terminaux spécialisés, comme le terminal à conteneurs de Graveleau dont la capacité doit être prochainement doublée avec la réalisation du projet Fos 2XL. De plus, d’immenses espaces de réception, de conditionnement et de distribution des conteneurs sont créés, comme Fos Distriport, qui est une plate-forme d’interconnexion (ou " hub "), et qui est elle aussi actuellement en extension. Enfin, pour maîtriser la circulation de ces nouveaux flux, les ports sont amenés à créer des terminaux plus éloignés à l’intérieur des terres, appelés " ports avancés " ou " ports secs ".

 

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En deux siècles le port de Marseille a donc connu une succession de crises et de périodes d’expansion. S’adapter, telle semble être la constante de ces décennies.

Ainsi, au-delà des différences structurelles et conjoncturelles des diverses périodes évoquées, des constantes se dégagent comme autant de traits spécifiques de la place : une situation et un site qui constituent l’un des plus grands atouts de Marseille en Méditerranée et en Europe ; le pouvoir d’attraction d’une ville cosmopolite qui draine les travailleurs et qui, parfois décriée, finit par séduire les entrepreneurs ; enfin un fréquent renouvellement des trafics, des capitaux et des hommes.